Retour à la partie précédente : III. Cuetzalan, suspendu sur un tronc d’arbre

Sebastien Roux Puebla.JPG
 

IV. Innover pour réduire la pollution de l’air et des eaux

Je ne peux pas rester plus de 48h à Cuetzalan malheureusement. J’ai un rendez-vous important le lundi après-midi à Puebla avec un entrepreneur connu au Mexique. Ce rendez-vous sera la pierre angulaire de mon reportage publié dans deux médias (Usbek & Rica en France, L’Echo Magazine en Suisse). Jamie Ferrer a cofondé BioUrban en 2016. C’est une structure métallique ayant l’apparence d’un arbre et contenant des tubes remplis de micro-algues. 

L’ambition ? Réduire la pollution atmosphérique dans les grandes villes. Car la pollution atmosphérique tue. Et bien plus que le sida, la tuberculose, le diabète et les accidents de la route réunis, selon les chiffres de l’OMS. Une étude, parue en octobre 2017 dans la revue The Lancet, estime à 6,5 millions le nombre de décès annuels causés à l’échelle mondiale par la pollution de l’air. 

« Le BioUrban est conçu pour se placer dans des zones bétonnées où il est impossible de planter des arbres. Les micro-algues purifient l’air en absorbant des gaz polluants grâce au processus de photosynthèse », m’explique Jamie Ferrer lors de notre rencontre dans ses bureaux.

Le BioUrban 2.0 mesure quatre mètres et contient 500 litres de micro-algues. © Sébastien Roux  

Le BioUrban 2.0 mesure quatre mètres et contient 500 litres de micro-algues. © Sébastien Roux

Placé aux abords d’une université, le premier BioUrban 2.0 mesure 4 mètres et contient 500 litres de micro-algues. « Un dispositif qui équivaut à 368 jeunes arbres, souligne Jamie Ferrer, avant de préciser que le BioUrban n’a pas été créé pour remplacer les arbres mais pour être un complément dans ces zones où les piétons et les cyclistes sont les premiers touchés par la pollution atmosphérique. » 

Avant notre rencontre, j’ai visité les laboratoires de son entreprise. Le BioUrban 3.0, bien plus imposant que son prédécesseur, est en phase de test. La structure ressemble davantage à un cylindre à l’intérieur duquel on peut apercevoir 41 tubes vert fluo. Affaire à suivre.

Supervisés par le biologiste Juan Jesus Gonzalez, des étudiants  s'attellent aux derniers réglages du BioUrban 3.0. Une structure  permettant de purifier l'air dans les zones urbaines. © Sébastien Roux

Supervisés par le biologiste Juan Jesus Gonzalez, des étudiants s'attellent aux derniers réglages du BioUrban 3.0. Une structure permettant de purifier l'air dans les zones urbaines. © Sébastien Roux

Dépolluer les eaux naturellement

Tu connais déjà l’autre entrepreneur mexicain que j’ai interviewé pour réaliser ce reportage. Il s’agit de Pepe (José Luis Ortiz Robles de son nom complet) qui m’a hébergé avant mon départ vers l’état de Oaxaca. Selon lui, « le monde des start-up en est encore à ses balbutiements au Mexique. Entre 70% et 80% de ces entreprises font faillite avant leur troisième année d’existence », ajoute-t-il en soupirant. Ça ne l’a pas empêché de créer en 2012 CPlantae. Le but ?

L'entrepreneur José Luis Ortiz Robles teste l'eau d'un WormPod. © CPlantae

L'entrepreneur José Luis Ortiz Robles teste l'eau d'un WormPod. © CPlantae

Proposer une cuve permettant de décontaminer les eaux polluées. Il a testé plusieurs solutions potentielles, dont l’une avec des excréments d'éléphants, avant de se focaliser sur les lombrics en mettant au point le WormPod.

« Nous imitons la nature et son processus de décomposition. Les lombrics ont cette capacité à purifier l’eau sans avoir besoin d'énergie extérieure, m’explique-t-il en me montrant une maquette du WormPod qu’il garde dans son appartement. Cette cuve en plastique est remplie de graviers et de pierres volcaniques à laquelle on ajoute une couche de lombrics au contact des eaux usées. »

Des lombrics sont placés dans le Wormpod pour purifier les eaux usées. © CPlantea 

Des lombrics sont placés dans le Wormpod pour purifier les eaux usées. © CPlantea

L’avantage c’est que cette technique d’assainissement naturel est capable de traiter l’ensemble des effluents. Autre atout, l’entretien est minime car les lombrics font office de filtre durant quatre à cinq années. « Ce modèle est facilement reproductible », certifie Pepe. Idéal pour répondre aux besoins d’une grande partie de la population, à l’heure où seulement 30% des eaux domestiques sont traitées au Mexique.

Terminons cet épisode avec une note d’espoir : selon lui l’engagement écologique est de plus en plus visible au Mexique. La population est de mieux en mieux informée depuis près d’un an. Nous avançons dans la bonne direction. 

Sébastien Roux

 

 

Tu as aimé ce 4ème épisode ? N’hésite pas à en parler autour de toi. Tu peux également partager le lien du sommaire d’Une Odyssée mexicaine. Merci d’avance pour ton coup de pouce. As-tu une question ? Une remarque ? Tu peux me contacter directement sur ce site ou sur la page Instagram de Nouvelles Odyssées.

Dans le prochain épisode, je t’emmène dans l’état de Oaxaca. Fabrication et dégustation de mezcal, repos dans un “Pueblo magico”, confection d’alebrijes, beaucoup de choses sont au programme.

 

Texte © Sébastien Roux - Photo de couverture © Sébastien Roux