Prix. Lauréat du Prix Lorenzo Natali 2019
Tout est parti d’une opportunité. En janvier dernier, j’ai séjourné trois semaines au Bénin. L’occasion de rendre visite à des amis installés à Cotonou. Plusieurs mois à l’avance, j’ai préparé mon séjour du mieux possible : en lisant des articles sur la situation de ce petit pays d’Afrique méconnu, en discutant avec un Béninois terminant un stage en Suisse et en creusant différentes thématiques pour sortir des sentiers battus habituels.
Trois semaines intenses. Trois semaines pour s’immerger dans la culture vaudou. Trois semaines pour découvrir le pays d’est en ouest, du sud au nord avec une escapade dans le parc national de la Pendjari. Trois semaines pour passer du temps avec des locaux et des expatriés. Trois semaines pour surfer les vagues cassantes du Golfe de Guinée. Trois semaines pour saisir des instants du quotidien et les retransmettre à travers des mots et des images.
Trois articles publiés. D’autres qui n’ont malheureusement pu voir le jour, faute de temps et de moyens. Il faut savoir faire des choix, se concentrer sur un sujet plutôt qu’un autre. Dès le début, celui sur la jacinthe d’eau a attisé ma curiosité. Cette plante, présente dans une cinquantaine de pays sur les cinq continents, est essentiellement présentée comme une menace. Pourtant, certains (Green Keeper Africa, le Centre Songhaï, l’ONG JEVEV) ont préféré l’observer pour utiliser ses vertus et transformer cette menace en « or vert ».
Changer son regard : voilà mon ambition au moment d’écrire ce reportage. L’envie de mettre en lumière des initiatives locales pour bâtir, ensemble, un futur plus respectueux de l’environnement. Cette manière de faire a séduit les différents membres du Prix Lorenzo Natali, qui parmi plus de 1 200 candidats m’ont récompensé dans la catégorie du meilleur journaliste émergent.
Tout s’accélère. Le 19 juin, j’ai reçu à Bruxelles mon prix lors des Journées européennes du développement. Une cérémonie organisée par la Commission européenne et inaugurée par un discours de Kailash Satyarthi, Prix Nobel de la paix 2014. Le commissaire européen pour la coopération internationale et le développement, Neven Mimica, a souligné que ce prix « récompense le travail de journalistes qui vont au-delà de l'afflux incessant d'informations, prenant le temps d'écouter, d'explorer et de découvrir des histoires de développement dans le monde entier. Ils ont mis des visages et des histoires derrière les faits et les chiffres que nous lisons tous les jours. Leur travail est une fenêtre sur la vie et les réalités des autres. Non seulement il nous informe, mais nous fait réfléchir et nous oblige à agir. Avec ce Prix Lorenzo Natali, nous rendons hommage à tous les journalistes qui dénoncent les inégalités et les injustices de ce monde et luttent pour les vaincre avec le pouvoir de la plume. »
Deux autres lauréates. Le Grand Prix Lorenzo Natali a été remis à Glenda Girón Castro, journaliste salvadorienne à La Prensa Grafica, pour son reportage sur les difficultés de trouver un travail lorsqu’on est atteint du virus du sida. La journaliste française Zoé Tabary, travaillant pour la Thomson Reuters Foundation, a gagné le Prix Européen pour son reportage sur des femmes mauritaniennes qui s’occupent des villages lorsque les hommes partent avec leur troupeau durant plusieurs mois.