Une belle entrée en matière pour celui qui envisageait de faire un sujet sur le biomimétisme, ou comment les gens observent la nature pour créer des technologies intéressantes pour l’homme. Par exemple, la fourmi qui arrive à soulever plus que son poids.
Il visite au Bénin une ferme avec un laboratoire biologique. « Je me suis rendu compte qu’ils avaient aussi de la jacinthe d’eau. Et eux, c’était pour faire du biogaz ou pour dissiper les mauvaises odeurs aux abords des toilettes. J’ai trouvé ça intéressant : comment une plante, à priori nocive et menaçante, peut se transformer en une énergie utile pour l’homme. Je me suis dit "Là, il y a quelque chose à faire". J’ai rencontré une ONG qui commençait une formation pour des jeunes agriculteurs. Eux en font du compost. Ils se passent des pesticides qui font une entrée fracassante sur le continent africain ».
Il publie chez Reporterre
En compilant les trois rencontres, l’angle était tout trouvé : comment trois entités ont transformé une menace en or vert. Certains l’appellent "journalisme positif". Ceux qui le pratiquent lui préfèrent "journalisme de solution", moins béat. « Comparé aux autres candidats, mon article essaie de montrer un autre aspect : quelque chose qui peut être nocif, et comment les personnes ont observé, réfléchi, pour tirer parti des bienfaits de chaque méfait ».
Reporterre a immédiatement été réceptif. "Ils ont pris avec plaisir texte et diaporama photos". Tout s’enchaîne. Une dizaine de jours après la publication de son article, Sébastien apprend l’existence du prix Lorenzo Natali. Il envoie son reportage, prouve qu’il a moins de 30 ans. Et oublie. « Deux mois plus tard, quand j’étais en Islande, on m’annonce que j’ai gagné ».
Aujourd’hui, il espère que ce prix l’aidera à décoller. Il envisage de retourner en Suisse où il a travaillé pour trois rédactions, en Belgique, en Amérique latine sa région de cœur, ou encore au Liban en indépendant. Ses sujets de prédilection portent sur l’environnement, le droit des enfants, l’exclusion, la discrimination. « Des sujets porteurs qui ont un message à véhiculer, où l’on peut sortir des stéréotypes ».
« Je laisse toutes les portes ouvertes », sourit le jeune Dignois qui profite de son séjour à Digne auprès de sa famille pour vendre des piges sur des sujets en Provence. En janvier 2020, la médiathèque pourrait lui ouvrir ses portes pour une exposition de photos sur le vaudou au Bénin.
Marie-France BAYETTI