Retour à la partie précédente : II. La chute de Teotihuacán

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III. sur les traces de Notre-Dame de Guadalupe

Après avoir arpenté certains quartiers de México et après avoir visité le site de Teotihuácan avec Riquelme, nous regagnons le bus, direction México. Il est plein à craquer, je reste debout une partie du voyage, ça fait partie de l’aventure ! Je regarde une carte, un autre « incontournable » est proche de la gare routière.

Il s’agit de la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe, une église au look moderne, presque futuriste, car reconstruite par l’excentrique architecte mexicain Pedro Ramírez Vázquez en 1976. Faut dire que les anciens murs menaçaient de s’effondrer.

Pedro Ramírez Vázquez a également réalisé le musée olympique de Lausanne. © Drkgk

Pedro Ramírez Vázquez a également réalisé le musée olympique de Lausanne. © Drkgk

À l’intérieur, 10'000 peuvent se réunir. Le chiffre monte à 100'000 lors des gros évènements avec l’utilisation de l’atrium, l’esplanade devant l’église et les différents édifices aux alentours. Une architecture différente de Teotihuacán, mais une ambition similaire. Je suis clairement dans l’un des bastions de la religion catholique. Les fidèles se pressent pour découvrir l’image de la Vierge de Guadalupe, l’une des figures du catholicisme en Amérique latine. Apparue selon la tradition en 1531, elle a été amenée par les conquérants et les évangélisateurs espagnols.

 
La vierge de Guadalupe attire le regard des nombreux visiteurs. © Juan Carlos Fonseca Mata

La vierge de Guadalupe attire le regard des nombreux visiteurs. © Juan Carlos Fonseca Mata

 

Un mystère entoure d’ailleurs les yeux de la vierge. Il serait possible de distinguer treize formes humaines dans ses pupilles. La fascination pour la vierge de Guadalupe est telle que certains pèlerins traversent la ville à genoux pour prouver leur foi, terminant en sang après cette épreuve de plusieurs kilomètres…

À l’intérieur, la peinture originale de la vierge a une popularité similaire à la Joconde au Louvre. Le lieu est étroit, tout le monde se bouscule pour la voir. Pour éviter l’engorgement, une solution a été trouvée : deux tapis roulant. Ça a le mérite d’être une idée atypique dans une église. 

Des croyants viennent se recueillir, pleurer, prier, se soumettre complètement à cette autorité religieuse. Il y a quelque chose de fascinant dans cela, mais aussi de terrifiant. Est-ce nos peurs qui nous poussent à croire à l’au-delà ? Ou est-ce la puissance des édifices, des saints et des promesses qui séduisent des millions de personnes ? 

Je ne vais pas te donner des réponses à ces interrogations. Je n’en sais strictement rien. Je respecte les religions, mais je préfère me détacher d’elles. Question d’éducation, sans doute. Reste que ce lieu a une énergie particulière : il est d’ailleurs le deuxième site catholique le plus visité au monde après la cité du Vatican. Le site ne se limite pas à la simple basilique, nous avons devant nous un véritable Disneyland de la religion.

 
Depuis l’esplanade devant l’église, un détail m’interpelle sur l’un des trois bâtiments religieux. © Juan Carlos Fonseca Mata

Depuis l’esplanade devant l’église, un détail m’interpelle sur l’un des trois bâtiments religieux. © Juan Carlos Fonseca Mata

 

Le sanctuaire marial de Notre-Dame de Guadalupe regroupe plusieurs bâtiments : la basilique bien sûr, mais également le couvent des Capucines et son église, sans oublier le Templo Expiatorio a Cristo Rey. D’ailleurs ce dernier s’affaisse d’un côté. La raison ? La ville est située sur une zone lacustre composée d’anciens lacs. La terre tremble, le terrain glisse, les hommes ont peur. Le séisme de 1985 est encore dans les mémoires : 10'000 morts, plus de 30'000 blessés et une ville instable.

Est-ce le symbole d’une religion en déclin ? Ou une future tour de Pise qui attirera de nouveaux touristes ? En l’espace de cinq siècles, le Mexique s’est évangélisé, c’est une évidence. Mais selon les dernières estimations, 80% de la population était catholique en 2010 contre 90% en 1990. L’heure est venue pour nous de se retirer. L’état de Puebla m’appelle.

Sébastien Roux

 

 

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Envie de découvrir un autre état du Mexique ? Dans le prochaine épisode, je t’emmène à Puebla. Initiatives pour lutter contre la pollution de l’air et des eaux, col de la Malinche à 4’400 mètres d’altitude et visite de village de Cuetzalan seront notamment au programme.

 

Texte © Sébastien Roux - Photo de couverture © Gaspar Hernandez