Retour à la partie précédente : I. À Cholula, des détonations retentissent

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II. Les yeux tournés vers la Malinche

Dans l’état de Puebla, je compte bien prendre de la hauteur et m’enfouir dans la nature. Trois jours après mon arrivée, je commence à tourner en rond. Mes projets de reportages s’affinent mais peine à aboutir. Pour être honnête je commence à douter, j’ai besoin de sortir de ma zone de confort.

Gravir un sommet à plus de 4'000 mètres d’altitude ? Pourquoi pas. Avec trois Mexicains de mon âge ? Encore mieux. Tout ça grâce à Couchsurfing ? Même pas. Cette fois-ci je te recommande le groupe Facebook « Fresh Air Club : le club de la nouvelle aventure ».

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Des passionnées de randonnées échangent des bons plans, principalement en Europe mais aussi à travers le monde. Une française ayant étudié à Puebla m’a ainsi donné le contact d’un de ses amis, Omar. Nous avons rapidement échangé, le courant est directement passé. On a déterminé une date et hop, le tour est joué.

Premier 4'000 mètres pour moi. Je fais quelques recherches pour éviter certains désagréments. Le mal des montagnes ? Tu prends quelques jours pour t’acclimater en altitude, tu bois régulièrement de l’eau, tu marches à ton rythme et tu prévois une bonne nuit de sommeil la veille. Je coche les trois premières cases, pas la dernière.

Préparations de la randonnée

Un problème avec la chambre que me prête Efrain ? Oui et non. En fait j’ai décidé de changer de lieu la veille de cette randonnée. La raison ? La chambre est située à côté du salon où l’anniversaire d’une étudiante finlandaise (ou suédoise, je ne sais plus) est prévu durant toute la nuit. Je redoute la nuit blanche.

Ni une ni deux je contacte une autre personne sur Couchsurfing qui peut m’héberger dans la ville de Puebla. Bingo. Je remercie Efrain pour son accueil en lui expliquant la situation. Il me propose même une autre chambre, plus éloignée du salon. Mais ma décision est prise, je refuse poliment, j’ai envie d’aller de l’avant et de découvrir un nouveau lieu.

J’arrive donc à Puebla. Je rencontre Arturo et Pepe. Le premier est biologiste tandis que le second est un entrepreneur souhaitant réduire la pollution des eaux. Je ne le sais pas encore, mais cette rencontre sera le point de départ d’un reportage. Ça je t’en parle dans la dernière partie de cet épisode.

Rapide tour de l’appartement pour m’apercevoir qu’il n’y a pas de lit pour les invités. Eh oui, c’est aussi ça le charme de Couchsurfing, parfois on dort à même le sol, sur un matelas plus ou moins épais. Mais leur accueil est tellement chaleureux que j’oublie vite ce détail. On passe une partie de la soirée à manger des tacos fait maison, à refaire le monde et à se balancer des vannes. Si la nuit est courte avec un réveil aux aurores, je suis au taquet, excité de gravir un sommet symbolique : la Malinche.

 
 

Faut savoir que Puebla est située à 2'160 mètres d’altitude. La ville est entourée par trois volcans, le Popocatepetl (toujours actif, 5’426 m) ; l’Iztaccíhuatl (5’215 m) et la Malinche (4'420 m). Le premier est fortement déconseillé (voir interdit) suite à des éruptions et à la fumée blanche qui se dégage depuis le cratère. Rassurant. Le deuxième est possible mais nécessite tout de même un équipement d’alpinisme avec un casque et des chaussures cloutées. C’est donc tout naturellement qu’on fait le choix de gravir la Malinche.

D’ailleurs son histoire est particulière. À la base la Malinche était une femme amérindienne, esclave des Mayas avant d’être offerte aux conquistadors espagnols au début du XVIème siècle. Elle devient la maitresse d’Herman Cortés, le chef de la première expédition au Mexique. Sa maitresse, mais également son interprète et sa conseillère pour conquérir ce vaste pays. Fallait pas l’énerver.

Aujourd’hui elle est considérée comme un symbole de trahison pour certains, comme une victime consentante pour d’autres ou enfin comme la mère symbolique du peuple mexicain moderne aux côtés de la vierge de Guadalupe. En tout cas, une montagne porte son nom, et ça, c’est pas rien.

Cap vers le sommet de la Malinche

Après une bonne heure de route, le départ a lieu à 3'100 mètres d’altitude. Si Omar a l’habitude de marcher, ses deux amis éprouvent plus de difficultés. Pour atteindre le sommet, il nous faudra environ 3h30. De mon côté, l’ascension se fait sans embuche. Mon corps svelte et ma condition physique me permettent d’ouvrir la marche. On évite de trop parler pour la gestion du souffle, on aura le temps lors des pauses, au sommet ou à la descente.

 
 

La phase d’approche a lieu dans une forêt composée d’arbres qui s’étirent sur plusieurs mètres. L’air est frais, un pantalon et une veste ne sont pas de trop pour débuter l’ascension. Le chemin est raide. Il ne prend pas la peine de serpenter. La mise en jambe est idéale. Une fois l’ombre des arbres disparu, le sommet est en vue. Nous traversons des champs aux herbes hautes. Je me change, un short me donnera plus de liberté dans mes mouvements. Puis, il faut terminer par de la caillasse instable pour atteindre le sommet.

Cette marche me rappelle une qui se trouve dans les Alpes de Haute Provence : l’Estrop. Si le sommet est moins haut (2'961 m), le dénivelé et la physionomie du parcours sont similaires. En tout cas, cette marche me fait du bien. Mieux, elle m’aère l’esprit. Une fois tous les quatre au sommet, il y a ce plaisir de partager : « No mames gwey, aqui llegamos ! » qu’on peut sobrement par traduire par « Me suce pas les boules mec, on est arrivé ! » Ahhhh, la douce poésie des expressions locales.

Redescente de la Malinche sur les fesses. © Sébastien Roux

On immortalise l’instant en prenant une photo de nous quatre avec le drapeau mexicain. Magique. Avant de partir en direction de Cuetzalan, il faut d’abord descendre sur les caillasses glissantes de la Malinche. Pas tout le monde adopte la même stratégie. Et toi, tu préfères descendre sur les fesses, en sprintant ou en roulant ? À noter que la deuxième option débouchera probablement sur la troisième.

 

Suite de l’épisode (cliquez sur l’une des images pour accéder à la suite)

III. Cuetzalan, suspendu sur un tronc d’arbre

© Sergio Alberto Becerril Robledo

IV. Innover pour réduire la pollution de l’air et des eaux

© Sébastien Roux

I. Comment mettre une église sur une pyramide ?

© Alex Zamora


Texte © Sébastien Roux - Photo de couverture © Victor Moran